PARIS, 25.11.2014 (BIIB) – L’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV) a rapporté que Venerable Thich Minh Nghia, jeune bonze de l’EBUV, avait été intercepté par des agents de la Sécurité en civil, le 21 novembre dernier, à Hué. C’est lorsqu’il sortait de l’imprimerie où il avait pris livraison de 300 calendriers commandés par l’EBUV pour les offrir aux fidèles à l’occasion de la Nouvelle Année Lunaire de la Chèvre. Les policiers ont confisqué les calendriers au motif qu’il s’agissait de documents « réactionnaires » et « anti-État ».
C’est à 15h00 que cinq agents de Sécurité en civil ont abordé Thich Minh Nghia dans la rue Nguyen Lo Trach à Hué, et l’ont poussé vers une maison. Ils lui ont intimé l’ordre d’y entrer pour une « session de travail » (expression policière signifiant interrogatoire). Thich Minh Nghia a refusé en faisant valoir que seule la police avait le droit d’interroger les citoyens. Les cinq hommes ont alors dit qu’ils étaient des policiers de la Sécurité provinciale. Un autre homme est sorti de la maison, a montré au bonze son insigne de police et s’est présenté comme étant Phung Viet Quy de la Sécurité de la ville de Hué. Il lui a ensuite ordonné de venir à l’intérieur pour répondre de ses « délits administratifs et de la possession de documents illégaux ». Face à son refus, les policiers l’ont emmené de force dans la cour de la maison et fermé la porte à clé. Alertée par les appels à l’aide, une foule de passants s’est rassemblée au dehors. Mais un groupe d’individus — probablement des agents de la Sécurité en civil — est soudainement apparu et l’a dispersée.
La Sécurité a dressé un procès verbal accusant le bonze de « transporter et être en possession de documents portant le nom de l’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam, une organisation illégale qui n’est pas reconnue par l’État et qui en outre est considérée comme réactionnaire et anti-État ». Les policiers ont ensuite confisqué lesdits documents, à savoir les 300 calendriers de la Nouvelle Année Lunaire (voir facsimile). Ils ont tenté de forcer Thich Minh Nghia à signer le procès verbal, mais il a encore une fois refusé, déclarant qu’il n’avait commis aucun crime. Le jeune bonze a également exigé de la Sécurité un reçu pour les calendriers confisqués, sans quoi il ferait un sit-in dans la maison en signe de protestation. Après plusieurs heures de discussions et un appel téléphonique à leurs supérieurs, les policiers ont finalement libéré Thich Minh Nghia.
Le Cong Cau, secrétaire général de l’Institut exécutif Viện Hóa Đạo de l’EBUV et chef du Mouvement Bouddhiste de la Jeunesse, a envoyé une lettre au Président du Comité populaire provincial de Hué pour protester contre cet incident et exiger des autorités la restitution des calendriers.
Bien que le Vietnam n’ait jamais officiellement interdit l’EBUV, il lui colle l’étiquette « illégale » depuis la création de l’Église bouddhiste officielle, le « Sangha Bouddhiste du Vietnam » en 1981. Depuis lors, les dignitaires et les membres de l’EBUV sont victimes de harcèlements continuels, de la surveillance étroite de la police et de détentions. Le chef de l’EBUV Thich Quang Do est en détention depuis trois décennies pour s’être fait l’avocat de la liberté religieuse, des droits de l’Homme et de la démocratie.
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