PARIS, 27 octobre 2015 (CVDDH) – Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme salue le rapport annuel du Département d’Etat américain sur la Liberté religieuse qui décrit la situation très grave de violations de la liberté religieuse.
Le rapport a été rendu public le 14 octobre dernier et porte sur la situation de la liberté religieuse dans le monde. Les 14 pages du chapitre sur le Vietnam démontrent que le régime poursuit une politique de restrictions et de persécutions. En effet « des membres de groupes non-reconnus témoignent de formes variées de harcèlement gouvernemental, y compris des agressions, des détentions de courte durée, des poursuites, des surveillances, des restrictions sur les voyages, des refus d’enregistrement ou d’octroi d’autres autorisations », quant aux groupes religieux enregistrés, « le gouvernement continue de restreindre leurs activités éducatives et de santé, et requièrent des autorisations pour nombre d’autres activités ».
« Ce rapport du Département d’Etat décrit une situation catastrophique pour la liberté religieuse et pour toutes les communautés religieuses vietnamiennes. Nous saluons le tableau édifiant que brossent l’Ambassadeur extraordinaire David Saperstein et son Bureau de la Liberté Religieuse Internationale. La suite logique d’un tel rapport serait que les Etats-Unis replacent le Vietnam sur la liste des « pays particulièrement préoccupants » (liste CPC), comme l’a recommandé la Commission américaine sur la Liberté Religieuse Internationale dans son rapport annuel, au mois d’avril 2015. Sans cela le Vietnam va continuer à violer la liberté religieuse en toute impunité », a dit Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme.
Le rapport fait état d’une politique de persécution religieuse manifeste de la part des autorités vietnamiennes. Ainsi, les membres des communautés religieuses « relatent des condamnations, des agressions, l’usage excessif de la force, des détentions, la surveillance, des entraves aux déplacements, le refus de l’enregistrement ou de l’octroi d’autres autorisations, et d’autres types de harcèlements. ». Le rapport cite également le cas où des fidèles ont été forcés par les autorités de renoncer à leur foi, en violation de la loi vietnamienne.
L’Ordonnance sur la Religion et la Croyance de 2004 et le décret 92 (2012) sur les religions organisent en effet un vaste système de contrôle et de répression des religions : Les communautés religieuses doivent être enregistrées et reconnues pour mener leurs activités, et elles doivent alors se soumettre au contrôle systématique des autorités. « Les groupes non-enregistrés Bouddhistes, Cao Dai, Hoa Hao et Protestants rapportent régulièrement que les autorités provinciales utilisent les textes sur l’enregistrement local pour faire pression, intimider, menacer, extorquer, harceler et agresser leurs membres ». Le rapport ajoute que « certaines autorités locales utilisent systématiquement et ouvertement les réglementations locales et nationales pour retarder, délégitimer et réprimer les activités religieuses de ces groupes ».
Par ailleurs, la Constitution « interdit aux citoyens de “profiter d’une croyance ou d’une religion pour violer la loi”. De plus le Code pénal punit les pratiques qui minent la politique d’unité nationale de l’Etat ». Le Département fait ici référence aux dispositions du Code pénal sur la « sécurité nationale », comme celles sur le fait d’« abuser des libertés démocratiques » (article 258), ou de « saper la politique d’unité ; semer la division entre les religieux et les non-religieux » (article 87). Elles prévoient de lourdes peines de prison. Bien que dénoncées depuis des décennies par l’ONU, le Vietnam continue de les utiliser pour réprimer les religions sous prétexte d’« activisme politique », de fait de « saboter la politique de solidarité », de « déstabilisation politique ». Dans le cas des minorités ethniques, les persécutions religieuses sont particulièrement graves car les communautés protestantes sont accusées de « séparatisme », note le rapport.
Outre cette législation très restrictive, le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme est très préoccupé par la nouvelle Loi sur la Croyance et la Religion en préparation au Vietnam. En l’état actuel des choses, cette loi, dont une cinquième mouture a récemment été rendu public, est à bien des égards plus restrictive que la législation en vigueur. Si elle était adoptée en l’état, elle imposerait des contrôles et des obligations plus stricts aux communautés religieuses, et réduirait le champ de leurs activités. Le projet de loi a déjà été transmis à l’Assemblée Nationale vietnamienne.
Le rapport évoque le cas du Patriarche de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam, que le Secrétaire d’Etat adjoint américain à la démocratie, aux droits de l’Homme et au travail Tom Malinowski a rencontré au mois d’août dernier. Thich Quang Do (87 ans) est actuellement assigné à résidence sans motif dans le Monastère Zen Thanh Minh à Ho Chi Minh Ville. Il a dit que « les autorités empêchaient les fidèles de lui rendre visite ou les soumettaient régulièrement à interrogatoire après les visites, alors qu’il pouvait rencontrer les diplomates dans sa pagode. Les dignitaires de l’EBUV disent que le gouvernement continue de restreindre leurs déplacements […] Les autorités surveillent étroitement leurs activités… ».
Thich Quang Do est en détention depuis plus de 30 ans pour s’être fait l’avocat infatigable de la liberté religieuse, des droits de l’Homme et de la démocratie. Le rapport indique que l’administration américaine soulève régulièrement le cas de Thich Quang Do et de l’EBUV auprès des autorités vietnamiennes.
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