PARIS, 29 juillet 2015 (FIDH & CVDDH) – Les experts de l’ONU ont exprimé leurs graves préoccupations quant à la persistance des inégalités hommes-femmes et aux violations généralisées des droits des femmes dans leurs observations finales sur l’examen de la mise en œuvre par le Vietnam de la Convention sur l’élimination de toute les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), qui avait eu lieu les 9-10 juillet à Genève.

« Le Vietnam s’est engagé dans une vaste entreprise législative pour garantir des droits des femmes sur le papier, mais n’a rien fait pour les faire respecter ou les protéger en pratique. Trente-trois ans après la ratification de la CEDAW par le Vietnam, les femmes et les jeunes filles vietnamiennes sont toujours reléguées à un statut de seconde classe », a dit le Président de la FIDH Karime Lahidji.

Dans ses observations finales rendues publiques le 27 juillet, le Comité CEDAW a critiqué le Vietnam pour l’échec de ses dirigeants à saisir le « concept d’égalité substantielle des genres ». Le Comité a exprimé sa préoccupation sur la persistance des attitudes patriarcales et des stéréotypes concernant les rôles et responsabilités des femmes au sein de la famille et de la société. Il constate que les préjugés et les stéréotypes sexistes et discriminatoires se perpétuent dans les manuels scolaires et les médias. Le Comité ajoute que la forte préférence pour une descendance mâle a eu pour résultat la sélection prénatale des fœtus mâles et un déséquilibre du ratio des sexes à la naissance.

Le Comité a exprimé sa préoccupation sur la « prévalence élevée » des violences contre les femmes et les jeunes filles, et a recommandé au Vietnam de revoir sa législation dans l’optique claire de criminaliser toutes les formes de violence contre les femmes, y compris le viol conjugal et le harcèlement sexuel.

Le Comité est également inquiet des allégations de harcèlements, d’arrestations arbitraires, de détentions et de mauvais traitements contre les femmes défenseurs des droits de l’Homme. A cet égard, le Comité a pressé les autorités d’enquêter sur ces cas, de poursuivre les responsables et d’offrir aux victimes de violations des voies de recours. Il est aussi recommandé au Vietnam de prendre des mesures spécifiques pour créer un environnement favorable dans lequel les femmes défenseurs des droits de l’Homme et les organisations de défense des droits des femmes puissent librement exister et opérer.

Tout au long de l’examen, les réponses de la délégation gouvernementale vietnamienne aux questions des experts avaient été vagues, évasives, voire contradictoires. Plusieurs experts du Comité CEDAW avaient exprimé une grande préoccupation concernant la croissance récente des violences policières contre les femmes défenseurs des droits de l’Homme, et avaient demandé une liste de ces femmes incarcérées. La délégation vietnamienne avait nié en bloc et affirmé qu’aucune femme n’avait jamais été agressée ou détenue à cause d’activités en faveur des droits de l’Homme.

De nombreux points soulevés par les 23 membres du Comité CEDAW dans leurs observations finales font écho aux préoccupations de la FIDH et du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme (CVDDH) dans leur rapport conjoint présenté au CEDAW au mois de juin 2015, avant l’examen du Vietnam.

Le rapport conjoint décrivait des lois et des mécanismes discriminatoires comme le « ho khau » ou permis de résidence, ainsi que des discriminations concernant l’accès à la santé, à l’éducation ou la jouissance des droits sur la terre. Il détaillait également de sérieuses violations des droits des femmes, comme la traite des femmes et des jeunes filles pour leur exploitation sexuelle, les atteintes aux droits des ouvrières, les violences domestiques, la violation des droits reproductifs. Enfin, il faisait 25 recommandations spécifiques au gouvernement vietnamien afin d’améliorer la situation des droits des femmes.

Le Président du CVDDH Vo Van Ai et sa Vice-Présidente Penelope Faulkner briefent les experts du Comité CEDAW

Le Président du CVDDH Vo Van Ai et sa Vice-Présidente Penelope Faulkner briefent les experts du Comité CEDAW

« Les dirigeants vietnamiens prétendent que les manquements à la mise en œuvre de la CEDAW sont dus à un manque de ressources financières. Le Comité CEDAW dit qu’ils sont dus à un manque de volonté politique. Mais, avant tout, c’est le système d’Etat à Parti unique, avec son manque de transparence, de liberté politiques et le contrôle généralisé de la population par le Parti Communiste qui entrave la réalisation des droits des femmes au Vietnam », a expliqué le Président du CVDDH Vo Van Ai.

Bien que les observations finales du Comité CEDAW n’aient été rendues publiques que le 27 juillet, la presse officielle vietnamienne avait annoncé de manière trompeuse, dès le 10 juillet, que le Comité CEDAW avait « approuvé » le rapport périodique du Vietnam sur la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

(Traduction par le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme)

 

Contacts
FIDH
: Mr. Andrea Giorgetta (anglais) – Tel: +66 88 6117722 (Bangkok)
FIDH: Mr. Arthur Manet (français, English, Spanish) – Tel: 33672284294 / Ms. Lucie Kroening (français / anglais / allemand / arabe) – Tel: +33648059157 (Paris)
CVDDH: Ms. Penelope Faulkner (français / anglais / vietnamien) – Tel: +33611898681 (Paris)

 

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